DAWAÏ !

10.2017

08.10.2017. Vladivostok. Début de l’aventure. Carrefour maritime important entre la mer du Japon et le fleuve Oussouri, entre les deux Corées et la Chine, la ville prise en étau, semble elle aussi étonnée de figurer à cet endroit. Une énigme russe, qui se développe au galop dans un brouillard présent près de cent jours par an. Clic pour accéder à la galerie.

11.10.2017. Kabarosvk est la plus grande ville de l’Extrême-Orient russe, devant Vladivostok. Elle porte dignement le nom de son explorateur : Ierofeï Khabarov. À la vue du soleil qui décroît sur l’horizon, je réalise enfin que je m’enfonce dans les abîmes de la Russie en laissant derrière moi l’iode fioulée de Vladivostok. Clic pour accéder à la galerie.

13.10.2017. Komsomolsk-sur-l’Amour se réveille sous une grande voûte bleu, encore vierge, que les Soukhoï ne tarderont pas à déflorer. La ville ne semble pas pressée de passer aux voitures japonaises. Lada, ZIL, GAZ, l’ensemble des marques de l’ex-Union soviétique remuent dans les rues. Quelques nostalgiques, très peu, et une majorité d’habitants roulent encore avec ces caisses qui résistent à la rouille des années. À croire que la campagne, même si le mot est inapproprié pour décrire ces immensités sauvages, demeure l’ultime garage de ces vestiges communistes. Clic pour accéder à la galerie.

16.10.2017. Tynda est comme la plupart des villages que l’on croise sur la ligne une petite citée construite pendant les travaux du BAM. Ville-champignon où rien ne pousse, elle a hébergé dans ses murs près de soixante mille travailleurs à la fin des années quatre-vingt pour chuter à trente-cinq mille en 2014. Clic pour accéder à la galerie.

19.10.2017. Severobaïkalsk. Je descends à la gare, pointe la plus au nord du lac. Escale plus que méritée pour flâner et découvrir la plus grande réserve d’eau douce au monde. Je resterai quelques jours avant de poursuivre à l’ouest rejoindre Iekaterinbourg puis Moscou, mon terminus. Voici plus de trois jours et demi que je n’ai pas gambadé sur le bitume et la terre ferme. Quel bonheur de sortir. Je suis avide de visiter autre chose que les soixante mètres carrés de wagons qui me transportaient jusqu’à maintenant. Clic pour accéder à la galerie.

20.10.2017. Baïkalskoe est un minuscule village de pêcheurs, bâti principalement d’isbas bariolées et de clôtures en bois. La seule architecture notable est l’église qui trône en bonne place, dominant la grève. Fière, avec ses deux dômes bleus éclatants, tout à côté d’elle semble terne. Seule une succession de cabanes colorées au charme certain la concurrence ; de celles-ci jaillissent des cris de chiens excités au-dessus des palissades. Le village est presque vide. Seuls, un ou deux side-cars pétaradent au coin de la rue avec à leur guidon un ou deux hommes transportant des ferrailles. Clic pour accéder à la galerie.

23.10.2017. Krasnoïarsk. En ce matin de départ, le thermomètre indique vingt degrés au-dessous de zéro. Ça y est, sous les cris incessants des omouls qui me prient de rester, je quitte la pointe du lac pour poursuivre ma route à l’ouest. Krasnoïarsk d’abord, Iekaterinbourg ensuite et Moscou en fin. Et le train, toujours le train qui méprise les distances. Clic pour accéder à la galerie.

24.10.2017. Iekaterinbourg. La quatrième ville du pays, avec sa population qui dépasse le million, reste célèbre pour avoir été le théâtre d’exécution de Nicolas II et de sa famille en 1918. Iekaterinbourg fut également le berceau du très controversé Boris Eltsine, président de la Russie de 1991 à 1999. Eltsine représente cette douloureuse période de corruption post-URSS, où les règlements de compte des gangs remplissaient doucement les cimetières de la ville. Clic pour accéder à la galerie.

28.10.2017. Saransk. Après un détour à Kazan, capitale de la république du Tatarstan, une des subdivisions de la Russie, je regagne Moscou. Un peu par hasard et sans repasser par la case départ j’arrive à Saransk le temps d’une correspondance. Clic pour accéder à la galerie.

29.10.2017. Moscou…Temps de m’émerveiller devant la cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux et ses coupoles bigarrées. Temps de photographier les chiennes Belka et Strelka naturalisées au musée de l’espace à Moscou. Temps de flâner dans la galerie Tretiakov. Temps d’arpenter les rues pluvieuses du Kremlin. Temps de reluquer les souvenirs soviétiques rue Bolshaya Dmitrovka. Temps de regarder la Moskova charger ses eaux boueuses. Temps de quitter la Russie avant l’hiver. Clic pour accéder à la galerie.

à propos

Est-ce la fascination bêta pour les véhicules soviétiques mal-aimés ? Est-ce une curiosité pour ces immensités de taïga et de steppes ? Est-ce les deux facettes d’attraction et de répulsion que ce pays entretient ? Ou encore, est-ce le désir profond de parcourir ce territoire-continent un appareil photo et un carnet à la main ? Je ne saurais répondre encore aujourd’hui, mais plusieurs de ces questions ont motivé ce voyage dans la fédération de Russie à la fin de l’automne. Aux portes de l’hiver. J’ai toujours éprouvé une curiosité pour l’histoire de l’URSS et les événements historiques qui ont précipité ce pays dans le communisme. Terreau d’un grand laboratoire industriel et social à l’échelle d’un empire guidé par la seule démesure des projets de ses dirigeants. Ennemi juré des États-Unis, la superpuissance soviétique éclatée reste encore mystérieuse et farouche. En empruntant un chemin qui débuta à Vladivostok, aux confins de l’Extrême-Orient russe, pour relier la capitale Moscou, 9 200 km à l’ouest, je suis parti à la recherche des traces et murmures de l’Ancien Régime au travers de ces véhicules encore en circulation. Je n’ai pas évité les petits musées, mais l’essentiel de mes observations a été glané à l’écart des grandes places, dans les villages reculés de l’Ouest Pacifique, de la Sibérie, près du lac Baïkal ou encore au bord de la route de l’Oural. Quels sont les vestiges roulants et les fantômes automobiles qui stationnent encore au pied des immeubles khrouchtchéviens ? Comment s’est organisée la mobilité et quels sont les liens formels qu’entretiennent ces véhicules avec leur terrain de jeu ? C’est ce paysage véhiculaire révolu que j’ai recherché, observé et photographié arpentant les ruelles de Severobaïkalsk, les parkings de Khabarovsk ou encore la banlieue de Tynda. Au fil des rencontres avec des Russes en transit, des journées de train interminables, ce carnet de route croise relevés photographiques, récit de voyage et réflexions sur le futur de la mobilité à partir de ces murmures soviétiques en circulation ou en complet abandon. Dawaï !

Dawaï : mot russe aux sens nombreux. Il signifie « bye »; « fais-le »; « très bien »; « d’accord » ; « come on ! ». Il peut-être utilisé pour de multiples situations, j’en retiendrai une. Un véhicule à l’arrêt, le moteur ronflant, un Russe au volant qui vous hèle « Dawaï ! », invitation à prendre place à ses côtés avant de filer à toute allure.

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